lundi, décembre 07, 2009

De la dignité du peuple malgache

L’année 2009 s’achève et aucune lueur d’espoir de sortie de crise ne se dessine. Une année marquée par un gigantesque séisme que le pays n’ait jamais connu, ressenti des plus amèrement par le peuple. Celui là même qui a subi, dans sa chair et dans son sang, les « vulgaires » luttes entre politiciens. Cette bataille n’est pas près de s’arrêter, certainement attisée par des forces extérieures.
Les malgaches vivaient relativement tranquilles, à l’aube de l’année 2009, et gagnaient leur pain quotidien, ménages et entreprises confondus, sans trop de souffrance déclarée.12 mois après, ce sentiment de plus ou moins bien être a été complètement amoindri, si ce n’est anéanti. Car détruit et brisé par le cirque de nos « fameux » politiciens. Ces derniers, dans leur lutte acharnée pour le pouvoir, n’ont pas hésité à occulter, voire écraser, le développement économique, qui a sensiblement décollé fin 2008, en remettant tous les compteurs à zéro.

CALCULS POLITIQUES. Dans cette bataille des grands, le peuple n’a fait que trinquer. Ces « super héros » en sont-ils au moins conscients ? Certainement, mais ils s’en contrefichent. Leurs calculs politiques passent bien loin derrière le « petit » intérêt de chaque foyer malgache. Des familles qui, depuis le lundi noir du 26 janvier, se saignent en voyant leur pouvoir d’achat diminuer, comme une peau de chagrin. Ces dernières ne cessent d’attendre l’issue de ce combat au sommet, pour vivre enfin en paix et normalement. Les gens des villes et de la campagne le ressentent plus douloureusement que ceux du fin fond de la brousse, qui vivent, dans une certaine mesure, dans un monde à part. Exploitables à souhait…

CANARDS SAUVAGES. Le problème dans notre pays (et comme dans la plupart des Etats en voie de développement), c’est que ces « messieurs » qui veulent, à tout prix , avoir une emprise sur Madagascar et être aux commandes de l’Etat, prennent leurs gouvernés pour des canards sauvages. C’est-à-dire des gens complètement nuls, à qui on peut tout faire avaler (cinéma sur cinéma) Qu’ils se détrompent ! Même les petites gens savent distinguer le bon grain de l’ivraie .A fortiori, l’intelligentsia ne marche pas et surtout rit sous cape. Il y va de la dignité du peuple malgache. Celui là même qui souhaite ardemment qu’on ne le considère plus comme une portion congrue, alors qu’il est l’acteur (si ce n’est le moteur) principal de toutes les crises. Que ces politiciens qui se servent de lui, résolvent une bonne fois pour toutes leurs problèmes !, Et ce,(ON L’ESPERE DE TOUTES NOS FORCES) en faisant abstraction de leurs intérêts strictement personnels et financiers, au bénéfice de l’intérêt ,REEL, supérieur de tous les malgaches, un concept tant galvaudé…

LA CHEVRE ET LE CHOU. La stratégie de ces ténors politiques autour de la transition, censée être consensuelle et inclusive ( du moins exigée, à l’origine, par la communauté internationale) prête à réfléchir. Au bout du compte, Andry Rajoelina fut admis, après son coup de force, comme « exerçant les fonctions de chef de l’Etat ». En d’autres termes, son renversement de pouvoir fut, quelque part, accepté. Mais, pour ménager la chèvre et le chou, il a été flanqué de deux co-présidents, censés lui limiter ses pouvoirs. Or dans la réalité, rien n’y fit, car Andry Rajoelina, dans ses décisions franchement unilatérales, invoqua toujours des décrets antérieurs, pris en conseil des ministres. En fait, fort de sa reconnaissance à partir de l’accord additionnel d’Addis-Abeba, il n’a plus voulu en découdre. A tel point, qu’il exige, aujourd’hui, le maximum de postes ministériels et ne veut plus se rendre à Maputo, fort de son droit… Mais le président déchu Marc Ravalomanana, assuré de ses soutiens internationaux, pour ne pas dire lobbying, ne baisse pas non plus les bras. Les autres mouvances non plus. A qui la communauté internationale a donné un statut similaire aux protagonistes de la crise de 2009.Et ce, dans un esprit de réconciliation nationale qui ne peut qu’être bénéfique à la nation malgache.

DIRIGEANT ECLAIRE. Dans cet imbroglio politique hautement stratégique, le peuple, à défaut d ’y perdre son grec et son latin, y perd carrément ses plumes. Et cela, c’est franchement INJUSTE. Les politicards se sont toujours servis de lui pour le jeter aussitôt aux orties. Au tout début, « on » le choit, puis très vite après « on » le flanque aux oubliettes. La plupart des chefs d’Etat, qui se sont succédés à la tête de Madagascar, l’ont appris à leur dépens. La longévité d’un pouvoir résulte non seulement de l’intelligence du « dirigeant suprême » (sans aucune connotation de culte de la personnalité qui a détruit beaucoup de choses),mais aussi de sa capacité à percevoir les desiderata du peuple. Ces hommes forts et omnipotents ont dirigé le pays selon leur « feeling » et (du moins nous osons l’espérer) leur perception de ce qui peut être bon pour le peuple malgache. Toutefois, les uns et les autres ont dérapé, à leur façon. Le dernier en exercice, à savoir Marc Ravalomanana, en a eu un revers cinglant. Homme de foi, ce dernier, dans son exil forcé, peut méditer à longueur de journée et faire acte de repentance, en devenant un homme nouveau… En face de lui, le jeune Andry Rajoelina, avec toute sa conviction, peut aussi faire mieux. A condition qu’il ne se laisse influencer, avec toutefois le devoir d’écoute, de tous les groupes de pression dont il s’est entouré. Les malgaches ont, désormais, besoin d’un dirigeant éclairé, celui qui nous emmènera vers un développement réel, sans strass ni feux des projecteurs, mais aussi sans aucune pression extérieure. C’est à ce prix que le peuple malgache retrouvera sa dignité.
Midi Madagascar, Aujourd'hui, le 07-12-2009 l Parution N°: 8005
Par J.F.A.R

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